Mardi 5 février 18H55
J’atterris à Beyrouth pour la seconde fois de ma vie.
Trois ans auparavant j’y avais passé une vingtaine d’heures pour un meeting professionnel, au cours d’un work-tour de 3 jours Jordanie-Liban-Turquie. C’était en novembre 2015, une dizaine de jours après les attentats de Paris et alors que je devais partir avec plusieurs autres collègues et partenaires professionnels, je m’étais bizarrement retrouvée seule. C’était vraiment pas de chance mais le premier à se désister avait oublié qu’il avait poney, le second enterrait sa mère pour la deuxième fois au moins, quand un troisième venait de développer une houmouphobie soudaine (syndrome rare se traduisant par une peur panique face à un plat de houmous) Toujours est-il que ce que je connaissais alors de Beyrouth se réduisait à un aéroport, une chambre d’hôtel et quelques rues.
Mais là, j’arrive pour un mois, peut-être plus si l’enneigement le permet. A L’aéroport, c’est Tony un des employés de Dori, le directeur de l’école de ski, qui vient me chercher. Dori m’ayant dit que les libanais parlaient tous français et anglais, je tente l’un puis l’autre. « Hablas espanol ? » me fait Tony. (C’est donc au Liban que j’aurais dû venir pour apprendre l’espagnol l’été dernier. Mais non, comme une idiote, moi je suis allée en Espagne où j’ai eu tout le loisir de peaufiner…mon anglais. Cf Road Trip in Spain.) Tony est vénézuélien et est installé au Liban depuis un an pour travailler. Il y a rejoint son père arrivé il y a 3 ans. Sa maman et sa femme sont restées au Venezuela pour y tenir la petite boucherie familiale et ni Tony ni son papa ne sont là de gaieté de cœur : Le Vénézuéla est extrêmement pauvre , le salaire moyen de moins 1 dollar par mois jusqu’alors suffit à peine à acheter un kilo de viande. Mais le 17 août dernier l’actuel président Nicolas Maduro a annoncé son intention d’augmenter le revenu minimum des Vénézuéliens. Il passera de 5,2 millions de bolivars (moins d’un dollar au taux de change du marché noir, qui domine l’économie) à 180 millions, soit environ 28 dollars.
Nous traversons Beyrouth de nuit et à tombeau ouvert. Non que Tony conduise mal mais ici c’est slalom et coups de klaxon à gogo, seul moyen de communiquer entre automobilistes. Le clignotant ? quel clignotant ?
ZAAROUR CLUB STATION
Le domaine skiable dans lequel je vais enseigner s’appelle Zaarour Club station. Situé à seulement 35 km de Beyrouth, le projet de Zaarour Club a été relancé en 2012 après plus de trente ans à l’abandon et a finalement ouvert ses portes, ou plutôt ses pistes, en 2015.
C’est la première et la seule station du Liban a avoir investi dans l’enneigement de culture, c’est aussi la seule à disposer d’un télésiège débrayable et de magic carpet (tapis pour débutants). Zaarour c’est en tout et pour tout 4 télésièges, 2 tapis débutants, 5 pistes rouge, 3 bleues, 1 piste de luge, 1 lac, 1 hôtel, 4 restaurants, 1 bar lounge extérieur, 1 magasin de ski. Les télésièges offrent une vue plongeante sur Beyrouth et la mer Méditerranée, mélange insolite dans un même panorama contrasté d’une nature enneigée, de buildings noyés dans un brouillard gris bleuté de pollution que vient parachever la mer cobalt.
La station est également ouverte l’été pour la pratique du VTT, de la randonnées, la natation, le tennis et autres… L’hiver elle est ouverte…à quelques exceptions près, seulement quand il fait beau ! Presqu’une semaine après mon arrivée, je n’ai donc skié qu’une seule fois : Ne considérant que le temps qu’il fait, on pourrait se croire dans le pays basque en janvier !